Invitation du CREPAN du 31 mai 2014, Plage d'Hermanville
L'observation de la laisse de mer et des nombreux témoins de la faune et de la flore qu'on peut y observer, c'est notre objet aujourd'hui. La plage de sable est bien propre et on remarque très vite ce cordon d'algues déposé par la dernière marée, à la limite du sable sec. Un mètre environ de large, brun et vert mélangé. On s'aperçoit vite qu'il héberge beaucoup de coquilles et de débris d'animaux vivants et surtout morts. Des agrégats blancs d'aspect polystirène ont contenu des œufs puis des laves de bulots. Aujourd'hui vides, ils ont été arrachés à leur support puis ont flotté au gré des vagues.
Le groupe ayant répondu à l'invitation du CREPAN se composait de 12 à 15 personnes parmi lesquelles se remarquaient à leur conversation des professeurs de biologie invités par Annick Noël. En arrivant, nous avons rendu visite à la mer toute proche et nous nous sommes arrêtés à observer les vers arénicoles, ou plus exactement, pour chacun, le petit creux en entonnoir et à 10cm, le petit tas vermiculé correspondant au rejet à l'autre bout du ver.
Il faisait froid, avec un petit vent du nord. Sans s'attarder davantage, nous sommes allés échantillonner la variété des débris biologiques de la laisse. Le thème annoncé pour aujourd'hui était la crépidule, « Crépidula Fornicata » (évoquant la forme arrondie de four de la coquille). Nous avons emporté notre récolte dans un vaste café-restaurant place du cuirassé Courbet. Autour d'une grande table, de cafés, chocolats et bières, nous avons écouté de passionnants exposés et regardé des croquis et photos agrandies des organes buccaux et génitaux de notre coquillage. Matinée pleine, gaie, et enrichissante, merci au Crépan et à ses amis zoologistes universitaires.
Voici l'article d'Annick Noël distribué ce jour. « Crépidula fornicata est un mollusque gastéropode marin connu sous le nom de crépidule. Elle est originaire de la façade atlantique de l'Amérique du Nord, mais elle a maintenant envahi la côte européenne jusqu'à l'Espagne, notamment sur les côtes de Bretagne et de Normandie.
Les crépidules vivent au niveau des côtes, à faible profondeur, elles s'encastrent les unes sur les autres formant des colonies. Elles se nourrissent de plancton en filtrant l'eau.
La crépidule est considérée comme une espèce invasive en raison de sa prolifération sur les côtes. Elle entre en compétition pour la nourriture et l'espace avec d'autres mollusques comme les moules et les huîtres et les élimine de leur environnement initial. Les particularités écologiques et biologiques de l'espèce favorisent une telle prolifération. Sa stratégie de reproduction est efficace (hermaphrodisme et fécondation directe, pontes multiples et protection des œufs), elle est peu exigeante et ne possède pas de prédateurs. Les activités humaines ont de plus favorisé sa propagation. »
Ajoutons ici cette originalité : la coquille se fixant, le plus souvent sur une précédente, construisant ainsi la colonie, est mâle au début de sa vie. Elle fécondera la coquille sur laquelle elle se fixe. Plus tard, elle deviendra femelle et sera fécondée par une coquille venue se fixer sur son dos et pouvant se déplacer pour mieux introduire son pénis par un bord de la coquille femelle.
Grande reconnaissance à nos savants et à l'association vulgarisatrice.
Rédigé par Antoine Beaujour, le 11 juin 2014.
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