Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts du 15 décembre 2018

La dernière visite descriptive de 2018, proposée par le musée des Beaux-Arts de Caen, avait pour objet la découverte d’une exposition d’art contemporain, intitulée « A des années-lumière ». Cécitix a permis à 8 de ses adhérents d’y participer.

L’exposition nous a été commentée par Marie Leloup, médiatrice culturelle vacataire au musée des Beaux-Arts. Le thème de la lumière était un défi pour nous comme pour elle car il est difficile pour une personne aveugle, surtout avec une cécité précoce, de s’en faire une représentation.

Marie nous a guidés vers cette exposition située au rez-de-jardin du musée. Nous avons fait une première pause dans une salle éclairée par une lumière naturelle projetée par l’atrium du musée, qui se trouvait à notre droite.

Notre conférencière en a profité pour nous présenter le thème de la lumière dans l’art. C’est en premier lieu grâce à elle qu’il a été possible de voir les peintures préhistoriques au fond des grottes et certainement grâce à la lumière du feu qu’il a été possible de les peindre.
Dans l’Egypte antique, la lumière était représentée par l’or. Des masques funéraires en or reliaient les pharaons inhumés dans les pyramides aux astres.
Au Moyen-Âge, les tableaux médiévaux avaient une feuille d’or et les personnages une auréole dorée lorsqu’il s’agissait de leur donner un côté divin.
Ensuite à l’époque de la pré-renaissance, les peintres ont commencé à peindre des paysages, ce qui leur a demandé une réflexion pour représenter la lumière à l’aide des ombres et des contrastes sur leurs toiles.
Plus près de nous, les impressionnistes, grâce à l’évolution technique, se déplaçaient directement sur le site qu’ils voulaient représenter dans leurs tableaux. Ils utilisaient souvent plusieurs couches de peinture, ce qui leur permettait de faire des reflets de lumière dans leurs œuvres.
Depuis plus d’un siècle, la photographie utilise pleinement la lumière et les artistes se sont approprié ce mode d’expression, d’abord en noir et blanc, et plus récemment en couleurs.

Après cette présentation, notre conférencière nous a entraînés devant la première œuvre à décrire. Il s’agit d’un cadre métallique carré avec sur chaque côté trois spots éclairant l’intérieur de ce cadre, ce qui le rend très lumineux. Ce n’est plus de la lumière dans une œuvre, mais c’est la lumière elle-même qui fait l’œuvre. Cette œuvre contemporaine appelée « Philips » a été réalisée par Bertrand Lavier, un artiste parisien qui utilise le ready-made dans ses créations.

La deuxième œuvre exposée se trouvait sous l’atrium, recevant ainsi la lumière naturelle. Marie nous a invités à faire le tour de l’installation afin que nous nous fassions une idée de sa taille. Elle nous a également mis en main différents objets pour nous permettre de nous représenter les matériaux utilisés. Il s’agit d’un grand socle carré au sol sur lequel l’artiste a placé deux énormes cerises et deux grandes tiges vertes qui s’entrecroisent avec des bâtons en métal de couleurs qui rappellent les couleurs du spectre lumineux. Ces tiges sortent des profondeurs du sol et reviennent vers nous puis traversent trois soleils représentés par trois miroirs demi-sphériques dentelés sur la partie arrondie. Cette installation a été réalisée par Delphine Coindet. Cette artiste procède en trois étapes. Dans un premier temps, elle dessine son œuvre par ordinateur en trois dimensions. Puis elle délègue la réalisation de sa sculpture à des fabricants. Une fois la sculpture créée, elle la photographie, ce qui la représente en deux dimensions. L’artiste a nommé son installation "chérie chérie".
Pour nous aider à nous faire une représentation mentale de cette œuvre, Marie a créé, à partir d’une photographie, les contours de la structure avec de l’encre à embosser.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers une très grande peinture de Jean Dewasne intitulée « L’Étude pour La Longue Marche », réalisée au pistolet avec de la peinture pour automobile. Notre conférencière nous a fait toucher une feuille plastifiée qui donne la sensation de passer son doigt sur une peinture industrielle. Cette œuvre est faite de couleurs vives et avec des taches géométriques en forme d’escargot.
Cela peut faire penser à du papier peint des années soixante-dix.
Derrière nous se trouvait une œuvre de Bernard Frize, artiste qui travaille avec de la résine mélangée à la peinture, ce qui donne également un toucher très lisse à sa toile.

Un peu plus loin nous nous sommes arrêtés devant le Ludoscope de Paolo Scirpa. Il est Conçu avec un miroir sur chaque paroi et, à l’intérieur du cube, sont placés des néons circulaires aux couleurs électriques. Le plus grand néon est rose, suivi de deux bleu, puis d’un jaune. L’œuvre est comme un puits sans fond lorsque l’on regarde à l’intérieur. Les néons se reflètent et donnent l’illusion que l’œuvre s’étend à l’infini sous nos yeux.

Pour terminer, nous nous sommes dirigés vers une œuvre d’environ 1,50 mètre de haut et 1 mètre de large en inox, un peu brossé, d’où sortent 4 formes, une orange, une rouge, une verte et une bleue laquée qui font penser à des dégoulinures. Ces dernières sortent d’environ 40 centimètres du rectangle, de façon horizontale puis viennent les coulures. Cette œuvre a été réalisée par Bernard Quesniaux et elle s’appelle « paysage de neige en été ».

Nous tenons à remercier chaleureusement Marie pour nous avoir si bien décrit des œuvres aussi lumineuses, ce qui n’est pas forcément évident à réaliser pour un public aveugle.

Rédigé par Nicolas Fortin, le 27 décembre 2018.

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