Compte-rendu de la visite au musée des Beaux-Arts du 11 avril 2015

Le samedi 11 avril 2015, après une interruption de deux séances, nous avons pu profiter d'une nouvelle visite au musée des Beaux-Arts de Caen. Cette visite était consacrée au peintre Kees van Dongen, pour son œuvre « Portrait de Madame Raulet ». Cette toile fait partie de la collection que la famille Raulet a léguée au musée des Beaux-Arts de Caen.

Pascale FISZLEWICZ nous accueille dans le hall du musée et nous fait brièvement découvrir les œuvres rencontrées lors de notre parcours pour rejoindre le tableau qu'elle nous décrira en détail.

Une fois installés devant l'œuvre de Kees van Dongen, elle nous distribue le support en relief afin que nous en ayons une représentation tactile. Puis notre conférencière nous présente l'artiste. Kees van Dongen est un peintre hollandais né en 1877 dans la banlieue de Rotterdam. A la fin du XIX ième siècle, il s'est installé en France, à Paris dans le quartier Montmartre et, ironie du sort pour un libertaire, il mourut à Monaco en mai 1968.
Au début de sa carrière, il était très pauvre. Il a vécu au Bateau Lavoir, célèbre endroit de bohême où il rencontra Picasso.
Plus tard, vers 1920, il s'est spécialisé dans le portrait mondain. Il a très souvent peint des femmes riches et célèbres.

Ce peintre a rencontré beaucoup de succès car il savait mettre en valeur ses modèles en les amincissant, en leur donnant des yeux très étirés et en grossissant leurs bijoux.
Il aimait beaucoup la fête et ne se privait pas d'en organiser avec les artistes de cette époque. Nous pouvons dire qu'il était l'incarnation même des années folles qui suivirent la première guerre mondiale.

Après nous avoir présenté l'artiste, Pascale nous présente son œuvre. Le tableau qu'elle nous décrit est, comme le reste de sa peinture, d'une grande sensualité. Kees van Dongen, malgré son amitié avec Picasso, ne fut pas un peintre cubiste, mais il fit partie des créateurs du mouvement fauviste qui fit scandale au salon d'automne en 1905. Kees van Dongen a toujours été considéré comme un homme de scandale.

Le tableau que Pascale nous décrit est rectangulaire, au format portrait. Il fait un mètre de haut sur 80 cm de large. Il représente Marie-Thérèse Raulet, également artiste peintre. Née en 1898, elle avait sans doute à peine trente ans lorsqu'elle a servi de modèle pour cette toile.
Kees van Dongen la représente chez elle, installée dans une bergère du XVIII ième siècle, de couleur verte. Marie-Thérèse est accoudée nonchalamment sur l'accoudoir de droite. Sa tête est penchée sur son épaule droite.

Au premier regard, le rouge de ses lèvres saute aux yeux du spectateur. Sa bouche est entrouverte comme si elle s'offrait à un baiser. Elle est vêtue d'une robe ou d'un déshabillé satiné très cintrée se terminant par un froufrou de couleur brune. Cette robe est de couleur grise très lumineuse avec pleins de reflets scintillants. Les tableaux de cet artiste sont d'ailleurs souvent pleins de couleurs lumineuses pour mettre en valeur les femmes qui lui servent de modèles. Sa peinture est un acte d'amour d'une grande sensualité.

Comme Marie-Thérèse est assise nonchalamment, le satin de sa robe fait des plis que le peintre représente par des empâtements de couleur blanche. C'est le relief de ces empâtements qui crée une ombre réelle se mêlant à l'ombre qu'il a peinte en gris foncé et représente le mouvement du tissu.

La virtuosité picturale de cette robe mérite une description approfondie. En effet, elle est d'une telle vérité qu'elle donne envie de la toucher. Le peintre n'a pas seulement fait des empâtements, mais, par endroits, il a raclé la toile, ce qui donne une impression de transparence. Pascale nous a fait suivre le trajet des coups de pinceau. Une grande ligne oblique blanche part de la partie inférieure du tableau pour souligner la ligne de la jambe, celle-ci formant une ligne oblique à partir du genou. Plus haut, la ligne vient à s'arrondir pour souligner la hanche. Et au-dessus se trouvent quatre empâtements blancs horizontaux qui suivent les courbures du corps. Cet effet donne l'impression que l'artiste a commencé par peindre le corps de la femme et qu'il la habillée une fois celui-ci terminé.
Ensuite les coups de pinceau remontent de façon oblique vers son épaule droite formant un empâtement qui va dessiner une petite bretelle. Son épaule gauche est nue, et dans son prolongement elle dévoile un sein. Juste en dessous de ce sein on retrouve le tissu où le peintre a remis du blanc empâté. Les endroits de la robe qui ne sont pas recouverts par un empâtement blanc sont peints d'un gris finement appliqué et même parfois gratté sur la toile.

Kees van Dongen utilise aussi le noir qu'il applique pour souligner le contour de la silhouette de son modèle. Sur la gauche du tableau, dessinant la robe, un trait noir descend depuis l'aisselle puis le long des côtes et se poursuit jusqu'au bas de la robe. Il cerne la silhouette.

La femme a le bras appuyé sur le bord de la bergère. Il est coupé par le bord du tableau. L'avant bras forme une ligne horizontale et la main tombe vers le bas. Sa main est très effilée et ses doigts sont longs et fins. Sa peau est rose avec des traces de vert turquoise lumineux, ce qui donne du volume à son bras. Ce vert turquoise, tournant parfois à l'émeraude, se retrouve tout le long de son bras et rappelle le vert de la bergère. Sa main est rose avec également des traces de vert sur les phalanges. Ses ongles, longs et effilés, lui donnent un aspect diabolique. Du côté droit du tableau son bras gauche disparaît presque complètement dans la bergère. On aperçois juste un peu son bras et à peine l'amorce de son avant bras.

Notre conférencière finit la description de la toile par la tête de la femme. Marie-Thérèse a un long cou et sa nuque est posée sur le bord supérieur de la bergère. Ce n'est donc plus du vert mais du bleu qui se trouve en toile de fond. Nous retrouvons également du bleu dans ses yeux, un bleu un peu violet. Elle nous regarde à travers la fente de ses paupières, de haut en bas, comme le ferait un félin.
Elle a de beau sourcils qui soulignent par un demi cercle ses yeux. Ses grandes paupières sont baissées et nous sentons qu'elle nous regarde langoureusement.
Son nez se poursuit dans la ligne du sourcil. Il est deviné grâce à la très forte ombre portée de couleur bleu-violet avec peut-être un petit peu de vert. La position de sa tête permet de voir ses trous de nez qui sont de couleur rouge. Juste en dessous se trouve sa bouche rouge avec des dents bien blanches et son petit menton qui, comme pour le nez, va avoir son volume grâce à l'ombre portée de couleur. Il est rose cerné par le vert et l'ombre portée donne un reflet vert sur son cou. Cela donne un effet très lumineux. Ses joues sont fardées de rose presque rouge avec, sur la joue droite, une ombre verte qui donne aussi un peu de volume.
Son visage est très allongé, formant presque un hexagone. Elle a une petite coiffure un peu crantée très sympa qui cache les oreilles. Elle est blonde et cette couleur se confond à la couleur du bois de la bergère.
Le mur derrière elle est bleu, de plusieurs nuances afin de donner de la vie au tableau. La lumière vient du haut droit de la toile.

La signature est située dans le bas gauche du tableau où l'artiste a peint son nom avec de grosses lettres rose clair.

Une fois de plus, nous avons pu profiter d'une description d'une grande qualité et ainsi nous avons pu nous représenter la beauté de ce tableau plein de couleurs et de sensualité. Nous attendons la prochaine description qui aura lieu le samedi 20 juin à 11H.

Rédigé par Nicolas Fortin, le 22 avril 2015.

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