Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux Arts de Caen du samedi 10 septembre 2011

Le samedi 10 septembre dernier, une nouvelle saison culturelle au musée des Beaux-Arts de Caen a commencé. Cette première visite descriptive était consacrée à une exposition temporaire intitulée « introspectives, œuvres de Frédérique Lucien », une plasticienne contemporaine née à Briançon en 1960. Elle travaille et vit à Paris et enseigne à l'Ecole Supérieure d'Art et de Design de Reims.

Après avoir été accueillis par Anne-Sophie Bertrand dans le hall d'accueil du musée, nous nous sommes rendus dans la salle où se trouve l'exposition.

La plasticienne Isabelle MAAREK nous a commenté l'œuvre de Frédérique Lucien, « Les pendantes ». Elle a commencé par nous donner les dimensions de la salle, très impressionnantes car cette pièce mesure une vingtaine de mètres de long sur une quinzaine de mètres de large.
Ensuite, elle nous a expliqué comment cette oeuvre a été créée. L'artiste a déroulé des rouleaux de toile, d'environ 20 mètres de longueur, dans lesquels elle a découpé de grands chrysanthèmes au bout de leurs tiges. Elle a peint ces fleurs de différentes couleurs avec des teintes très sobres. C'est la disposition de ces fleurs sur le mur et le sol qui donne toute son originalité à l'œuvre. En effet, Frédérique Lucien accroche le bout des tiges, qui forment de petits rouleaux, sur le mur de la salle. Puis les bandes de toile colorées descendent à la verticale jusqu'au sol où elle poursuivent leur course à l'horizontale, s'entrecroisant et se terminant par d'immenses flaques de couleurs que sont les chrysanthèmes.

Isabelle MAAREK nous a également expliqué la disposition des fleurs et la raison de leur présence sur le sol. En effet, l'idée originale de l'artiste était de faire une oeuvre murale. Mais les découpes trop fines et la pesanteur en ont décidé autrement. C'est donc le résultat de cette chute qui l'a inspirée pour créer son œuvre telle que nous pouvons la voir actuellement. Par la suite, Frédérique Lucien a tiré les leçons de cette expérience et a réalisé une œuvre murale, également exposée dans la salle.
Les fleurs de cette toile ne sont pas découpées totalement, restant attachées au rouleau de toile. En outre, les pétales les plus fins se replient en se penchant vers le public, laissant apparaître l'envers du décor.

La conférencière nous a ensuite proposé d'aller toucher les fleurs sur le sol pour nous faire une idée de la dimension et de la disposition de l'œuvre.

Frédérique Lucien est inspirée par le peintre Mathis. Ce dernier utilisait également le découpage dans son œuvre mais, contrairement à notre plasticienne, il peignait les matériaux avant de les travailler.
Elle puise aussi son inspiration de son milieu familial. En effet, son père était entomologiste et son grand-père cartographe, d'où sans doute cette passion pour le monde végétal, et des œuvres dont la disposition évoque des îles dans l'océan.

Il faut noter également, dans le travail de Frédérique Lucien, une certaine hésitation dans la découpe qui enlève toute rigidité à son œuvre, comme un travail de dessin, interrogeant sans cesse la ligne. Car même si elle emprunte les moyens de la peinture, c'est bien le dessin qui est au cœur du travail de Frédérique Lucien.

Frédérique Lucien, vous avez pu vous en rendre compte, utilise beaucoup le monde végétal dans ses œuvres. Mais elle utilise aussi parfois le corps humain par fragments : des jambes, des bras, des poitrines, des oreilles et des bouches qui parfois se confondent avec des feuilles. Elle a baptisé ces dernières des Orées.

Notre conférencière a terminé la visite en nous lisant quelques extraits du roman « Ruines de Rome » de Pierre Sanges qui évoquent la reconquête du monde par les végétaux. C'est avec se beau bouquet de poésie que nous sommes repartis, tout en prenant note de la prochaine visite descriptive qui aura lieu le samedi 19 novembre.

Rédigé par Nicolas Fortin, le 22 septembre 2011.

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