Une grande avançée pour la musique braille

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Avant l'apparition de l'écriture Braille au milieu du 19ème siècle, les musiciens aveugles devaient prendre connaissance des œuvres uniquement à l'oreille.

Depuis, bon nombre de partitions ont été transcrites en braille et les musiciens aveugles déchiffrent d'abord la partition avant de la jouer. Jusqu'à aujourd'hui, il fallait donc apprendre par cœur.

Grâce à la ténacité de trois chercheurs de Sophia-anti-Polis, ils vont enfin pouvoir solfier tout en jouant.

Michel plissole, Anna fisher et Akiko aruité, ayant dans leur entourage des musiciens aveugles, se sont attelés à une tâche qui semblait pourtant impossible : permettre à ces musiciens de pouvoir comme tout un chacun, déchiffrer une partition en la jouant. Le frère de l'un d'eux, pianiste professionnel, s'était souvent ouvert à eux de cette contrainte. Cela devenait un vrai handicap lorsqu'il devait jouer en trio ; ces collègues arrivaient aux répétitions avec leurs partitions sous le bras, lui, il fallait qu'il se prépare, parfois une semaine à l'avance.

Puisque les mains sont prises pour jouer, ils ont décidé d'utiliser le pied.

Un petit boîtier muni de picots, sorte de semelle vibratile, envoie des informations analysables par le musicien.

Très schématiquement, les picots placés sous la plante du pied permettent de lire la clé de sol et ceux placés sous le talon la clé de fa.

Un bouton poussoir placé sous le gros orteil permet de passer à la page suivante ou de revenir à la page précédente.

La plus grande difficulté pour les musiciens aveugles qui se sont prêtés aux tests de développement a été qu'il leur a fallu réapprendre la musicographique en vigueur car comme on sait, la musicographie Braille est totalement différente.

Après un entraînement de plusieurs mois, un groupe de musiciens, tous aveugles et formés au conservatoire de Paris, ont pu déchiffrer et jouer ensemble le quintette de la truite de Schubert.

Il s'agit là d'un très grand progrès car la contrainte du « par cœur » on le sait en a découragé plus d'un.

Une Podothèque est en développemant et déjà de nombreuses œuvres ont été codées. Citons entre autres l'aquarium extrait du carnaval des animaux de Saëns et le chant des baleines de Georges Crumb.

Certains musiciens utilisant leurs pieds (les organistes par exemple), nos trois chercheurs sont entrain de mettre au point un prototype qui au lieu d'utiliser la perception podo-tactile, serait placé soit sur le thorax, le ventre ou le dos. Les essais de cénesthésies sont en cours et des résultats dépendra le choix de l'une ou l'autre de ces parties du corps.

Grâce à ces trois chercheurs, qui ont mis en commun leurs connaissance en musicologie, physiologie et électronique, nous pouvons dire : « la musique, c'est le pied »

Renseignements supplémentaires au 02 31 74 01 93 ou au 08 01 04 20 09

Chronique diffusée sur les ondes de RCF Calvados le mercredi premier avril 2009
Radio RCF

Rédigé par Jean Poitevin, le 31 mars 2009.

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