Dîner dans le noir
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Stephane Moreau « On pourrait penser, quand on organise ce genre de soirée, que c'est, effectivement on le dit souvent, que c'est pour se mettre dans la peau d'un aveugle...donc, c'est pas forcément tout à fait ça comme expérience. Là c'est pour faire ressortir nos autres sens, le goût, le toucher, et puis aussi le côté relationnel, rencontrer de nouvelles personnes etc donc, c'est se servir du noir pour retrouver une nouvelle vision entre guillemets.
Une dame « J'ai trouvé ça très intéressant, j'ai pas été stressée. En fin de compte, non, je me suis plus lâchée, à la limite... j'ai mangé avec les doigts, j'ai mis les coudes surla table, enfin décontractée
- (Caro) Et vous ne mettiez pas les choses dans votre bouche avec appréhension ?
- pas du tout !
(Caro) avec curiosité alors ?
oui, plutôt
(Caro) vous avez à peu près reconnu ce que vous avez mangé ?
(la dame) très difficilement !
(Caro) Est-ce que c'était bon ?
(la dame) ah oui, moi j'ai aimé, j'ai tout fini d'abord !
- (Autre dame) « Pour nous c'était un peu angoissant, pour quelques unes d'entre nous d'être dans un noir total
(caro) tout le monde avait à peu près les mêmes réactions ?
- (autre dame) Non c'était assez différent à notre table, c'est partagé... c'est bien que les impressions soient partagées. Et puis après on s'habitue, du fait qu'on puisse parler...
- - (caro) Vous avez mangé avec une fourchette ou avec vos doigts ?
- (Réponses multiples) avec les doigts... avec les deux...avec les couverts... moi, avec les doigts... il n'ya que l'ananas que j'ai mangé avec les doigts... moi c'est pareil... moi, d'instinct j'ai pris les doigts... oui moi aussi ! ... sans réfléchir j'ai pris les doigts, et il a fallu que je touche avant, je sais pas ce que c'était, il y avait des trucs mous... je crois, oui, que j'ai remplacé les yeux par le tactile.
Et moi je garde les yeux fermés parce que je trouve ça fatigant d'ouvrir les yeux, oui, vraiment ...
- (Une jeune fille) oui, on a passé combien de temps, une heure et demie dans le noir, ça fait, on n'a pas l'habitude, on est obligé de se concentrer, on se concentre à la voix... parce que en plus, quand on voit, quand on parle avec quelqu'un, je sais pas comment le dire mais on peut lui dire « regarde, je suis en train de te parler », que quand on ne la voit pas on n'a pas l'impression qu'il nous entend, on entend des voix partout, on sait pas si on est entendu ou pas et ça, on a du mal, il faut qu'on se concentre pour savoir si on nous entend ou pas...
- (Autre jeune fille) Et même, par exemple, il y a des goûts qu'on connaît,qu'on aime vraiment bien, par exemple les bonbons, je prends le cas du bonbon, on ne se pose pas la question, quand on mange un bonbon on aime ça mais là, j'ai pris, j'ai mangé, je me suis dit : c'est quoi ça ... je connais pas, j'ai pas reconnu !
- (Autre jeune) filleQuand on s'est servi de l'eau ! la première fois j'ai tout mis à côté
(une dame) tu n'as pas pensé à vérifier avec ton doigt...
- oui ! voilà, parce que d'habitude, je verse directement, mais là...
- (la dame) moi je me suis bien adaptée... un automatisme, ouai !
- (Jeune fille) je pense que c'est l'être humain aussi qui s'adapte à toutes les situations, c'est peut-être bête ce que je dis... les muets vont s'adapter, vite à leur situation
- (caro) c'est pas bête du tout
- (jeune fille) les mal entendants, ils vont s'adapter, on s'adapte toujours, l'être humain s'adapte à toutes ses...
- (caro) avec plus ou moins de temps
(jeune fille) oui, plus ou moins de temps...
- (Jeune homme)... sans problème !
(caro) Ah oui ?
(jeune homme) je peux faire le service...
- (caro) au départ c'était difficile ?
(jeune homme) Non, mais c'est mon premier contact avec la carafe... (rires)... j'ai pas été très très doué, j'avoue ...
- (autre jeune homme) avec la carafe ça a été long entre eux ! mais maintenant...
- (jeune homme) mais maintenant je la maîtrise très bien...
- (autre jeune homme) tiens, sers-moi un godet !
(jeune homme) pas de problème, vieux !... Où est ta place ?! »
Chronique diffusée sur les ondes de RCF Calvados le mercredi 5 janvier 2011
Radio RCF
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