Compte-rendu de la visite descriptive du 26 février 2022 au musée des Beaux-Arts de Caen
« Louis Chéron ou l’ambition du dessin parfait »
Louis Chéron est né à Paris en 1655. Mais le peintre a beau avoir décroché deux premiers prix de Rome en 1676 et 1678, il est totalement tombé dans l’oubli.
Ces distinctions l’ont amené à séjourner à la Villa Médicis et six ans en Italie.
Il revient ensuite en France jusqu’en 1693. Mais avec la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, ses convictions de protestant le pousse à s’exiler en Angleterre. Il fut notamment le maître de William Hogarth.
Il réalise d’importantes commandes : de nombreux plafonds pour de belles demeures, théâtres et châteaux. C’est pourquoi plusieurs de la cinquantaine d’œuvres composant cette exposition émanent d’outre-Manche.
Louis Chéron fut un peintre d’abord assez en vogue mais, Français pour les Anglais, Anglais pour les Français, il ne trouva jamais vraiment sa place.
Il pratiquait un art du « dessin », art peu reconnu à la fin du 18ème siècle.
Fils de Henri Chéron, graveur, il est élevé dans une famille de graveurs.
Une de ses soœurs, Elisabeth-Sophie, est entrée à l’Académie des Beaux-Arts après avoir renoncé à la religion protestante.
Le musée des Beaux-Arts de Caen a pour particularité d’être le seul en France à abriter un de ses tableaux : Le prophète Agabus prédisant à saint Paul ses malheurs.
Dans la salle consacrée à Louis Chéron, au musée de Caen, est accroché un autoportrait de sa soœur.
Après ces quelques informations biographiques, Adrien nous propose deux œuvres sur thermo-gonflage.
La première s’intitule le sacrifice de Manoa. Il s’agit d’un dessin à l’encre de format 42/28 cm.
Manoa et Manoé ne pouvant avoir d’enfant, ils s’adressent à Dieu qui répond favorablement à leur demande. Ils auront un fils nommé Sanson. Il leur faudra seulement accepter une condition : ne jamais lui couper les cheveux.
Le dessin à l’encre représente donc le sacrifice remerciant Dieu.
A gauche du tableau, Manoa se tient un genou en terre regardant vers le ciel. IL tient une canne. A droite, Manoé est agenouillée, regardant vers le bas, vers le bûcher du sacrifice. De part et d’autre du bûcher, des volutes de fumée.
Au-dessus on voit un ange aux ailes déployées et au corps assez musclé. Il s’agit semble-t-il d’une interprétation d’un élément d’un tableau de Raphaël, l’ange représentant chez Raphaël le Dieu Mercure.
En arrière-plan on aperçoit, mais difficiles à distinguer, des éléments d’architecture antique.
Le deuxième dessin s’intitule « Prophet Agabus Predicting St. Paul’s Suffering in Jerusalem » (le prophète Agabus prédisant ses souffrances à Saint-Paul à Jérusalem).
Il s’agit d’une réduction présentée aux commanditaires du tableau en format 40/30 cm.
Le tableau lui-même est en restauration, ayant souffert pendant l’incendie de Notre-Dame De Paris.
Il s’agit d’une commande fournie pour honorer la tradition des « mays de Notre-Dame » qui stipulait que chaque mois de mai, une œuvre devait être sélectionnée pour être accrochée dans la cathédrale.
Au centre du tableau, se trouve le prophète Agabus, le bras levé montrant une colombe représentant le Saint-Esprit. Ce personnage est placé à l’intérieur d’une colonne qui se prolonge jusqu’à la partie supérieure du tableau.
A gauche, se trouve Saint-Paul, et juste sous son bras, Saint-Philippe.
A droite en partant du bas et suivant une courbe allant vers le haut, à mi-hauteur du dessin, on trouve successivement Elisabeth-Sophie, Anne et les deux autres soœurs de Louis Chéron. L’une d’elles a suivi Henri Chéron quand celui-ci abandonna sa famille.
Un peu plus haut, Louis Chéron s’est représenté dans le dessin.
Les parties inférieures du dessin sont d’une encre assez foncée (bistre). L’encre s’éclaircit peu à peu vers le haut du tableau.
Non représentés sur le thermo-gonflage, il y a sur le dessin des personnages, sans doute des compagnons de Saint-Paul.
Naturalisé Britannique en 1710, il est mort à Londres en 1725, inhumé à l’église Saint-Paul de Covent Garden.
Rédigé par Jean Poitevin, le 10 mars 2022.
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