Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 10 juin 2017

Le samedi 10 juin 2017, plusieurs membres de notre association ont participé à la dernière visite descriptive de la saison au musée des Beaux-Arts de Caen.
Notre conférencière Claude Lebigre nous a accompagnés dans l’exposition intitulée L’attention au réel, peintures flamandes et hollandaises d’hier et d’aujourd’hui. Cette exposition est ouverte au public du 19 Mai au 10 Septembre 2017.

À partir des riches collections de peintures et de gravures du musée d’Art et d’Histoire de Genève et du musée des Beaux-Arts de Caen, l’exposition propose une analyse de l’émergence et du triomphe des genres dans l’art flamand et hollandais des xvie et xviie siècles.

Claude commence son exposé en nous éclairant sur l’évolution de la peinture de cette époque. Tout d’abord, très religieuse elle devient au fil du temps de plus en plus réaliste en représentant des paysages et des scènes de la vie quotidienne. Petit à petit, cette peinture s’orientera vers des portraits et des natures mortes. Elle nous précise que la grandeur des tableaux est proportionnelle à la fortune de la famille commanditaire de l’œuvre. Ainsi une famille de revenus modestes se contentera d’une toile de quarante sur quarante centimètres alors qu’une famille très riche fera réaliser une toile de grande dimension pouvant atteindre deux mètres sur deux mètres.

Les portraits réalisés par les peintres hollandais de cette époque sont très saisissants, en les regardant nous avons l’impression que le personnage sort du tableau. Cette impression est renforcée par les contrastes de couleur. En effet, l’entourage de la tête est souvent de couleur claire car au cours de ces siècles, une fraise encadrait fréquemment le visage des personnes de haut rang.

Le premier tableau devant lequel nous nous arrêtons représente une femme de profil qui a une énorme fraise autour du cou. Claude nous explique que la représentation de profil est ancienne et qu’elle rappelle les médailles et les pièces de monnaie. Cette femme a une petite coiffe blanche sur la tête avec de la dentelle qui se poursuit sur son col. Elle a une manche en brocard en fils d’or et dans sa main elle tient un manche en argent travaillé qui se termine par un éventail en plumes d’autruche.

Notre visite se poursuit devant un tableau de la fin du XVIIe siècle représentant un couple assis devant un château. Sur la gauche se tient un homme drapé dans un manteau pourpre, il est coiffé à la Colbert genre caniche. Devant lui nous voyons son fils de 6 ou 7 ans déguisé en Actéon, il tient un arc avec des flèches. Devant le petit frère se trouve la grande sœur d’une huitaine d’années habillée comme sa mère, même collier, même coiffure, même robe blanche et elle porte un châle bleu. Cette petite fille a défait un bracelet de son bras pour le laisser reposer sur la margelle d’une fontaine qui arrose sa main. Ce geste symbolise la pureté et la virginité. L’homme tend à sa femme une branche d’oranger garnie d’oranges que son épouse reçoit dans sa main droite, ce geste symbolise le mariage. La femme est assise avec le dernier né qui gigote sur ses genoux. Le bébé semble être une petite fille. Derrière la femme se trouve un buisson de roses qui lui symbolise l’amour filial. Au-dessus, dans les nuages très sombres nous apercevons deux puti qui représentent les fausses couches de madame.

Ensuite nous nous rendons devant l’œuvre d’un artiste contemporain nommé Hendrik Kerstens. C’est un photographe autodidacte. Il a pour modèle sa fille Paula. Elle a un visage d’un oval parfait, une bouche pulpeuse, des yeux très limpides et son teint est pâle. C’est un portrait très soigné de 90 centimètres sur un mètre de haut, le tirage a été réalisé comme si la photo se trouvait dans un sous-verre sans encadrement. Le photographe a utilisé la lumière pour faire surgir le visage pâle du fond noir. Le modèle a également une fraise autour du cou et nous ne voyons pratiquement pas son corps. Claude nous fait passer un napperon représentant les fraises que les dames du temps jadis portaient de façon superposée. Ces fraises atteignaient parfois 8 centimètres d’épaisseur. Un deuxième portrait de Paula nous est présenté, cette fois-ci, elle est représentée en paysanne hollandaise, elle porte une coiffe qui rebique sur les côtés. Cette coiffe est tout simplement un sac de plastique blanc qui fait illusion. Enfin, nous avons un troisième portrait de Paula avec cette fois un coussin en velours rouge cramoisi posé sur sa tête. Ce coussin représente un turban car l’artiste a cherché à reproduire l’homme au turban rouge de Jan van Eyck.

L'oeuvre qui suit est classée dans la catégorie nommée "scène de genre". C’est un tableau très baroque qui mesure environ 80 sur 60 centimètres. Ce tableau est fractionné un tiers deux tiers. Le tiers de gauche représente le cabaret et la partie de droite nous montre la cuisine avec un âtre de cheminée. Au premier plan, nous avons neuf personnages assis devant une table. Ces personnages sont là pour représenter les cinq sens. Le premier tient un verre, il représente le goût. Derrière lui un charlatan opère la main d’un patient avec un scalpel, il représente le toucher. Un peu plus en arrière nous avons deux musiciens, l’un joue du luth et l’autre de la flûte traversière, ils représentent l’ouïe. Devant se trouve un vieil homme qui lit une lettre sans lunette, il représente la vue. Une grand-mère porte un gamin renversé sur ses genoux et elle lève sa robe, un homme se pince le nez cette scène représente l’odorat.
Plusieurs objets sont peints sur ce tableau ainsi qu’un chat et une chouette, ce sont des animaux qui symbolisent la luxure.

nous poursuivons notre visite en faisant une longue pause devant une vanité. Claude nous distribue une représentation en relief de ce tableau. Comme toutes les vanités, à sa base se trouve une table. Sur cette table sont disposés des livres mal entassés qui donnent l’impression d’avoir été lus avec passion tellement ils sont cornés. Au-dessus de ce tas de livres il y a un crâne qui reçoit des rayons de soleil tombant en oblique du haut gauche du tableau. Il symbolise le crâne d’Adam qui se trouve au pied de la croix du Christ du mont Golgotha. Il faut se souvenir qu’Adam a fermé les portes du paradis car il a touché à l’arbre de la connaissance. Ce tableau représente la vanité de la connaissance grâce aux livres qui sont disposés sur la table et grâce au crâne et aux rayons qui l’illuminent et qui se projettent sur un livre ouvert.

Notre conférencière termine la visite en nous parlant de Hans Op De Beeck, un jeune sculpteur qui a réalisé une œuvre toute en verre avec une playade d’objets disposés sur un guéridon. Claude a eu la patience de regrouper et parfois de reproduire tous ces objets afin que nous puissions les toucher. Ce sont des objets de consommation courante qui s’entassent sur une table, cela va d’un téléphone mobile à des emballages de produits alimentaires. Dans son oeuvre, l'artiste a reproduit tous ces objets en verre.

Encore un grand merci à Claude pour son implication dans ces visites que nous avons pu apprécier au cours de cette saison 2016-2017. Nous sommes toujours très motivés pour poursuivre ces visites descriptives lors de la prochaine saison au musée des Beaux-Arts de Caen.

Rédigé par Nicolas Fortin, le 2 juillet 2017.

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