Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux Arts de Caen du samedi 20 octobre 2012

La nouvelle saison des visites descriptives organisées par le musée des Beaux-Arts de Caen et l'association Cécitix a commencé le samedi 20 octobre par la description d'une œuvre e Lucas Giordano intitulée « l'enlèvement d'Hélène ».

La participation à cette visite n'a pas connu le succès habituel, sans doute à cause du grand nombre de manifestations très intéressantes organisées pour les déficients visuels ce même week-end.

Pascale FISZLEWICZ nous a accueillis et guidés en nous présentant les salles rencontrées sur notre parcours. Une fois dans la pièce où se trouve le tableau qui nous rassemble, elle nous indique la nationalité des peintres qui sont exposés autour de nous. L'œuvre de Giordano est encadrée par deux grands tableaux, dont l'un est du peintre espagnol José de Ribera.

Lucas Giordano est un peintre baroque italien né à Naples en 1634 d'un père également artiste peintre. Ses qualités artistiques ont été remarquées par le vice-roi de Naples qui lui fera suivre un apprentissage auprès de José de Ribera. Ce Maître aura une grande influence sur son talent. Dans sa jeunesse, Lucas Giordano passera plusieurs années à parcourir l'Italie, notamment Rome où il découvrira Michel-Ange et Raphaël. A Parme, il étudiera Paul Véronèse puis il sera séduit par les couleurs vénitiennes. C'est un peintre haut en couleurs, avec un tempérament napolitain, c'est-à-dire plutôt violent, mouvementé et réaliste. Vers la fin de sa vie, il passera une dizaine d'années en Espagne pour réaliser les fresques au monastère de l'Escorial, au palais royal de Madrid et de Tolède.

Notre conférencière nous décrit ensuite le tableau en nous faisant suivre ses commentaires sur une maquette en relief qui nous permet de visualiser la scène reproduite. Les dimensions de la toile sont de 240 sur 140 centimètres. Contrairement aux autres présentées dans cette salle, elle se regarde au format paysage. Positionnée comme les autres, la jolie femme qui se trouve au centre du tableau serait à la verticale au lieu d'être à l'horizontale, ce qui donnerait encore à cette toile un coup d'œil crédible.

Dès que l'on pose les yeux sur cette œuvre, le regard est attiré par une grande tache blonde pleine de reflets. C'est une superbe parure qui n'est autre que la magnifique chevelure d'une femme. La recherche de la beauté féminine inspire beaucoup Giordano. Il exprime ainsi la sensualité dans l'accomplissement de cette beauté comme le peintre Véronèse a su si bien le faire ressortir dans son œuvre.
Une autre couleur attire également l'œil : c'est le bleu qui se trouve sous la chevelure blonde. C'est un bleu de ciel d'orient, un bleu de pierre précieuse.
La position de la femme dans le tableau est très particulière : son corps est à la verticale et contorsionné, il est capturé comme si cela était le résultat d'une photo instantanée. Elle a la main ouverte au-dessus de la tête, sa robe remontée laissant apparaître ses jambes nues. La position inconfortable de la reine de Sparte, Hélène, s'explique par le fait qu'elle est représentée lors de son enlèvement par le berger Pâris, qui la tient par la taille d'une main et l'autre au niveau de ses cheveux. Hélène se rebelle et tente de frapper Pâris, mais celui-ci esquive les coups en se retirant sur le côté.

C'est une véritable scène baroque par la présence du mouvement et par la disposition des corps représentés sur la toile. L'enlèvement d'Hélène est un sujet très souvent choisi par les peintres pour exprimer la beauté car il faut savoir qu'Hélène est la plus belle femme du monde... Cette beauté sera donnée par la déesse Vénus au berger Pâris, fils de Priam roi de la ville de Troie pour le récompenser de l'avoir choisie comme le symbole de la beauté en lui remettant la pomme d'or. Hélène, déjà mariée, sera emmenée de force par Pâris et ses hommes, ce qui déclenchera la légendaire guerre de Troie. Ce tableau fait bien ressortir la force des sentiments humains.

Pascale FISZLEWICZ poursuit la description en nous présentant un homme placé à gauche de la toile. Celui-ci tient une épée dans sa main qu'il brandit vers le ciel. Ce mouvement rappelle celui de la main d'Hélène par sa position. Le noir de l'épée fait un contraste de couleur avec la belle chevelure blonde de la reine. Plus loin sur la gauche, dans la brume, on aperçoit un amoncellement de corps au pied de la muraille de Sparte. Ce qui prouve que l'enlèvement ne s'est pas déroulé de façon pacifique.
Dans cette partie du tableau, on remarque également une tour du royaume de Sparte.

Notre conférencière nous décrit ensuite ce qui se trouve à droite de Pâris. Trois personnages sont présents dans cette partie. Le premier aide Pâris à tenir Hélène. Il est tourné vers le berger et il tient la jambe gauche de la belle pour la mettre dans la barque présente dans le décor. Ce personnage montre son profil droit.
Le deuxième est positionné complètement à droite, de telle façon que l'on ne voit que son dos nu et sa tête de profil. Il tient une rame de la barque.
Entre ces deux personnages, on aperçoit un troisième homme dans la brume qui tient également une rame. Sa tête est dans l'ombre et tournée vers le peintre. Une tache de lumière est posée sur son crâne.
D'autres taches de lumière sont parsemées dans le tableau, notamment sur le front de l'homme qui aide Pâris, et sur le cou et le bras de ce dernier ainsi que sur le bras de celui qui tient l'épée.
Au-dessus de la scène, le ciel est sombre, de couleur grise. C'est un ciel de colère, un ciel annonciateur de conflits. Au-dessus des rameurs, on peut voir la mer avec une petite île. Hélène a la tête qui se tourne vers le peintre. Elle est dans la lumière et ses yeux sont dans la pénombre, ce qui lui donne un regard sombre exprimant le désarroi, comme le fait également son corps. Son dos est nu, très blanc et gracieux, contrastant avec le dos nu du personnage de droite qui est plutôt musclé et rougeaud.
Tous les personnages du tableau expriment un sentiment d'inquiétude dans leur regard. Ils donnent l'impression d'être davantage des hommes de pensée que de véritables guerriers.

Pour finir la description de la toile, Pascale FISZLEWICZ nous fait remarquer certains détails équilibrant l'œuvre. Notamment nous pouvons imaginer une ligne diagonal qui partirait de la main de la captive et descendrait de personnage en personnage vers la droite.
Notre conférencière nous demande si nous avons des questions puis nous nous séparons, la tête encore pleine de ce récit mythologique.

Rédigé par Nicolas Fortin, le 27 octobre 2012.

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