Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts, de Caen du samedi 12 février 2011

Joan Mitchell est l'une des plus grandes femmes peintres américaines du XXe siècle. Née en 1925 à Chicago, elle passe l'essentiel de sa carrière à Vétheuil, à quelques kilomètres seulement de Giverny, deux villages clés dans le développement de l'art de Claude Monet.

La toile intitulée « Champs » a été réalisée en 1990 peu avant sa mort.
C'est donc l'œuvre d'une artiste confirmée. Le tableau fait partie d'une série. Ce principe de la série a d'ailleurs été instauré par Claude Monet qui, en représentant un même paysage à des moments différents, souhaitait saisir les changements de lumière. Mais contrairement à Monet, Joan Mitchell ne va pas saisir ces changements incessants de la lumière en peignant devant motif, mais de retour dans son atelier. Elle va donc peindre le souvenir de cette lumière, le souvenir de l'impression que le motif a suscité en elle. C'est une peinture de l'émotion et de la sensation. Cette sensation, ce feeling, elle va l'exprimer uniquement avec des couleurs, jetées sur la toile dans une sorte de corps à corps. C'est pour cette raison que l'on parle de peinture gestuelle. Joan Mitchell veut faire une peinture qui échappe au temps, c'est-à-dire une peinture que l'on découvre en un seul coup d'œil.

Ses tableaux sont généralement des polyptiques, des tableaux en plusieurs panneaux, et souvent de grande taille.

La toile qui nous a été décrite fait partie d'une série intitulée « Champs ». Elle mesure environ 2 mètres de haut sur 1,60 mètres de large. Les coups de pinceau donnent la sensation d'une très grande spontanéité alors qu'il s'agit d'un travail d'une composition rigoureusement contrôlée. On y trouve l'émotion provoquée par la couleur mais aussi l'importance du rythme. On peut dire que le jazz des années 50 à New-York, est l'équivalent du point de vue rythmique de la peinture de Joan Mitchell.

Le bord du tableau est blanc, la couleur s'arrête donc avant le bord du tableau qui reste vide. Cette bande blanche d'environ 20 cm est cependant nuancée de rose, ce qui évoque la chair, la lumière. Dans la partie supérieure, le rose est plus intense, et au centre de cette partie supérieure apparaît même un peu d'oranger. On perçoit aussi dans ce blanc des reflets bleutés. Le contour du tableau est donc un ensemble de couleurs pastelles.

Le tableau lui-même est divisé en quatre rectangles horizontaux dont les couleurs donnent une impression de surface mouvante. Ces quatre parties, séparées par une ligne de blanc nuancé, ont leur style propre.

Le plus souvent, dans ces rectangles, Joan Mitchell applique la peinture par des petits coups de pinceau très précis et secs qui s'arrêtent brusquement formant ainsi de petites briques de 20 cm sur 10 cm. Cette application brutale de la peinture révèle son caractère impétueux.

Les couleurs que nous retrouvons dans ces quatre parties sont très variées, toutefois ce sont le bleu, le vert et le jaune qui dominent. D'autre part, l'artiste n'hésite pas à faire des contrastes de couleurs très prononcées comme dans un des rectangle où nous retrouvons du vert presque noir à côté du blanc.
Le sens des coups de pinceau varie également d'un rectangle à l'autre : ils peuvent être horizontaux ou verticaux voire même dans tous les sens comme il est possible de le constater dans une partie de cette toile.

Pascale FISZLEWICZ après nous avoir décrit la structure et toute la richesse de couleurs qui forme ce tableau a répondu aux questions du public.

En conclusion, voici quelques témoignages recueillis par Caroline :

Antoine : « Vraiment bien ! Nous étions nombreux et bien disposés. Bonne organisation et on entendait bien. Je n'ai pas été intéressé par le bandeau sur les yeux. La visite fut agréable car pas trop longue et la conférencière était très claire, alerte, pédagogue, champion ! Son vocabulaire précis, ses phrases et sa diction rythmées, le tout bien travaillé. J'ai apprécié la présentation du contexte de l'œuvre et de l'auteur. C'est là l'intérêt de la visite guidée : quand on est tout seul, on loupe tout, un peu comme dans un pays étranger où l'on n'est pas reçu par un autochtone. »

Gabrielle et son petit-fils, Ulysse, âgé de 12 ans, ont tous deux demandé à avoir les yeux bandés. Pour eux, c'est une manière conviviale d'approcher les musées. Ulysse a gardé le bandeau jusqu'à la fin. Il dit ne pas s'être ennuyé, mais son attention s'est dispersée et ce qu'il a imaginé ne correspondait pas à la réalité du tableau. Il recommencera peut-être.
Gabrielle, quant à elle, a trouvé l'expérience intéressante, c'est étrange ou bien une curiosité d'écouter la conférencière, ainsi, les yeux fermés. Elle a bien vécu cette expérience, à part le désagrément de la matière synthétique du bandeau. Elle a constaté la difficulté d'être toujours concentrée. Elle a pu voir ce qu'elle n'a pas compris.
C'est une analyse de soi.

Rédigé par Emmanuelle, Jean, Caroline et Nicolas, le 23 février 2011.

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