Les feux sonores à Caen
Depuis plus de dix ans, la ville de Caen a procédé à l'équipement de certaines traversées en feux parlants.
Le principe est bien connu des utilisateurs aveugles et mal voyants (Les messages parlés sont déclenchés par une télécommande à fréquence radio).
En octobre 2002 était voté par l'organisme Viacités regroupant Caen et les communes limitrophes (IFs et Hérouville Saint-Clair), un budget pour l'équipement des traversées sur le trajet du TVR (transport sur voie réservée). La mise en place aurait pu être faite rapidement. Malheureusement, la nouvelle norme imposée en avril 2002 au niveau national a entraîné du fait de son impossibilité d'application pour les traversées complexes, un retard important de mise en oeuvre.
Rappel : l'ancienne norme qui a toujours la préférence des aveugles et mal voyants consiste en un message parlé aussi bien sur le (vert piéton" que sur le "rouge piéton". La nouvelle norme supprime le message parlé sur le "vert piéton" pour lui substituer un signal sonore (son de cloche à deux tons).
Une concertation entre les services de la voiries, les élus de la Municipalité Caennaise et les usagers aveugles et mal voyants regroupés au sein de l'Association Cécitix a permis d'aboutir à un compromis acceptable à la fois sur le plan juridique et sur le plan technique.
Le travail de collaboration entre les services de la voirie, les élus de la Municipalité et les membres de l'Association Cécitix s'est déroulé en plusieurs temps.
Dans un premier temps, une traversée simple a été équipée selon les prescriptions de la nouvelle norme afin que les usagers aveugles et mal voyants puissent procéder à des tests et en faire un compte-rendu. Leur avis a été très mitigé. Il a été conclu que, utiliser un signal sonore sur le "vert piéton", ne constituait pas une avancée significative et qu'il aurait été préférable de conserver un messages parlé aussi bien sur le "vert" que sur le "rouge".
Cependant, il a été admis que la gêne réelle causée par le signal sonore sur le "vert piéton" n'était pas une gêne insurmontable.
Un deuxième test a été fait sur une traversée complexe. Ce test s'est déroulé en deux étapes. Il a été d'abord installé une sonorisation avec l'ancienne norme (message parlé sur le "vert piéton" et sur le "rouge piéton". Ce test a donné des résultats très satisfaisant. Un deuxième essai a été réalisé avec la nouvelle norme. Dans ce cas, l'avis a été unanime pour rejeter la norme nouvelle pour de multiples raisons : problèmes de sécurité, de risque de mauvaise interprétation des messages, etc... De plus, l'implantation de la nouvelle normes imposait sur le plan de la régulation de la circulation des contraintes techniques supplémentaires.
Le service juridique de la ville de Caen ayant indiqué qu'il n'était pas possible de s'opposer à l'application de la nouvelle norme, la Municipalité a décidé de demander à la Préfecture du Calvados une dérogation applicable aux traversées multiples.
Cette demande de dérogation a été soutenue conjointement par la ville de Caen et l'Association Cécitix, le 18 décembre 2003, lors d'une réunion de la Commission Départementale d'Accessibilité du Calvados où étaient présents un élu de la ville, un technicien des services de la voirie et le Président de Cécitix.
La Commission ayant émis un avis favorable, les traversées complexes vont pouvoir être équipées de messages parlés sur le "vert piéton" et le "rouge piéton" alors que pour les traversées simples, la nouvelle norme sera appliquée, les traversées simples n'ayant pas fait l'objet d'une demande de dérogation.
Ce chantier, qui a duré un peu plus de un an et demi montre que la concertation sur le plan local, entre une association prête à travailler sur le terrain avec les services techniques d'une ville et les élus peut permettre des avancées qui auraient pris encore plus de temps et d'énergie si cela était traité au niveau national. Nous espérons que l'exemple de Caen pourra servir à d'autres villes. Cependant, cet exemple montre que même si le modèle proposé est théoriquement viable, il doit pour être accepté, pour faire l'objet d'un consensus, être relayé par une expérimentation sur le terrain.
Rédigé par Jean Poitevin, le 30 mars 2004.
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