L'aveugle au marché

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 Pour raconter les marchés,  joyeux, conviviaux, odorants, gourmands , bavards et poétiques voici une chanson qui n'a pas vieilli. Il y a 50 ans Louis Amade écrivait pour Gilbert Bécaud « les marchés de Provence ».

 

Tout se sent, se touche, se goûte, s'entend se danse ou se rêve. C'est le bonheur du marché espace grand ouvert, accueillant pour tous, fait pour l'échange.

Echanges de sourires, de blagues de nouvelles.

Echange de savoir faire  et de recettes, de reconnaissance et de confiance.

On trouve des occases et du trois étoiles, pour tous les palais, pour tous les porte-monnaies. pour une fois que je fais une bonne affaire... Pas besoin de demander les prix on vous les annonce et même vous les entendez de loin.

Mieux  que dans tout autre commerce on peut ressentir le besoin que l'on a les uns des autres et le bien que l'on se fait  rien qu'en se côtoyant et se parlant.

Ce sont des nouvelles de la campagne et des saisons. Comment se portent les bêtes et les plantes, les odeurs fraîches, fortes de ce qui vient d'être cueilli.

J'approche du charcutier qui, en janvier, propose en riant un saucisson  ou un beau rôti pour aller manger sur l'herbe.

Un fabriquant d'andouille vous en met un morceau dans le bec, un boulanger artisan tout fier de sa brioche vous en donne une bouchée.

  

Une version normande de la chanson de Bécaud citerait les tourteaux, les Livarot et la Teurgoul.

Le milieu de la rue est occupé par des musiciens, des vendeurs de journaux,des militants sociaux et politiques, c'est la vie de la cité.

Et les amis d'amis, Et ceux qui peinent et ceux qui sont guéris, et l'ancienne voisine que vous ne rencontriez plus depuis des années, et ceux que l'on rencontrera à coup sûr...

 Pour commencer  allez-y deux ou trois fois avec quelqu'un qui vou ssitue les rues, les allées, vous décrit les étalages. Vous choisissez le secteur   que vous ferez ensuite seul. Pas trop vaste au départ, c'est petit  à petit que vous progressez vous-mêmes et agrandissez votre territoire, vous découvrant curieux et confiant. Il vaut mieux marcher  au milieu des allées, suivant le flot et vous repérant sur les voix, devenues familières, des marchands.

A la troisième fois déjà, si vous avez l'air un peu égaré, ils savent vous dire où vous allez d'habitude !

 Pour votre équilibre, vous êtes invité à retrouver le temps de l'attente et le rythme patient du service humain, un  à la fois, chacun son tour et le temps de parler.

Et recommencer un peu plus loin.

Voyageurs de la nuit, aveuglesou pas, le marché vous réveille et vous sourit.

                                    Les marchés de Provence – Gilbert Bécaud Paroles de Louis Amade - 1957

 Il y a tout au long des marchés de Provence
Qui sentent, le matin, la mer et le Midi
Des parfums de fenouil, melons et céleris
Avec dans leur milieu, quelques gosses qui dansent
Voyageur de la nuit, moi qui en ribambelle
Ai franchi des pays que je ne voyais pas
J'ai hâte au point du jour de trouver sur mes pas
Ce monde émerveillé qui rit et qui s'interpelle

Le matin au marché
 Voici pour cent francs du thym de la garrigue
Un peu de safran et un kilo de figues
Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches
Ou bien d'abricots
Voici l'estragon et la belle échalote
Le joli poisson de la Marie-Charlotte
Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de lavande
Ou bien quelques œillets
Et par dessus tout ça on vous donne en étrenne
L'accent qui se promène et qui n'en finit pas

 Mais il y a, tout au long des marchés de Provence
Tant de filles jolies, tant de filles jolies
Qu'au milieu des fenouils, melons et céleris
J'ai bien de temps en temps quelques idées qui dansent
Voyageur de la nuit, moi qui en ribambelle
Ai croisé des regards que je ne voyais pas
J'ai hâte au point du jour de trouver sur mes pas
Ces filles du soleil qui rient et qui m'appellent

Le matin au marché
 Voici pour cent francs du thym de la garrigue
Un peu de safran et un kilo de figues
Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches
Ou bien d'abricots
Voici l'estragon et la belle échalote
Le joli poisson de la Marie-Charlotte
Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de lavande
Ou bien quelques œillets
Et par dessus tout ça on vous donne en étrenne
L'accent qui se promène et qui n'en finit pas

Chronique diffusée le mercredi premier août 2007 sur les ondes de RCF
Radio RCF

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