Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 24 mars 2019

Ce dimanche 24 mars, la visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen avait pour thème la peinture hollandaise du 17e siècle. C’est Adrien qui nous a présenté le tableau choisi : l’œuvre du peintre Salomon Ruysdael intitulée « paysage maritime ».

Après avoir traversé plusieurs salles, nous nous sommes installés autour d’une table disposée devant le tableau. Adrien nous a remis une représentation tactile de celui-ci afin que nous puissions plus aisément suivre sa description.
L’œuvre de Salomon Ruysdael a été réalisée pendant l’âge d’or de la peinture hollandaise dont les sujets étaient des natures mortes ou des paysages. En Flandre à cette époque la peinture religieuse était abandonnée car le protestantisme interdisait la représentation biblique.

Le tableau qui nous est décrit mesure 36 sur 39 centimètres et il est au format paysage. Cette taille correspond bien à la demande de l’époque car cette dimension s’adapte parfaitement à l’intérieur des maisons bourgeoises dans lesquelles il sera exposé.

Adrien commence sa description par le bas gauche du tableau où se trouve une bande de terre. Cette bande de terre semble indiquer que l’eau s’est retirée. En dessous de cette terre il y a de l’eau avec deux canards. Et en prolongeant la bande de terre vers la droite, on rencontre des bateaux. Ce sont des bateaux assez plats avec des voiles et, sur l’un d’entre eux, apparaissent deux têtes humaines. Il y a également une barque avec un personnage et différents éléments. En continuant vers la droite, nous rencontrons une bande de terre avec de la verdure puis encore un bateau et une nouvelle bande de terre avec toujours de la verdure.

Adrien reprend la description à partir de la gauche mais cette fois en remontant sur la toile. Au-dessus de la bande de terre se trouve une maison perdue dans un grand arbre. L’artiste a représenté la verdure par de petites touches de peinture comme s’il les avait déposées avec une brosse. En continuant sur la droite, nous trouvons une chaumière disposée à flanc du fleuve. Encore un peu plus à droite, un toit mal défini et dans son prolongement, à nouveau de la verdure. Au lointain, quelques bâtiments font penser que ce paysage est à proximité d’une ville portuaire.

Dans la partie haute du tableau se trouve des nuages de différentes couleurs s’imbriquant les unes dans les autres avec des touches de pinceau montrant le mouvement. L’artiste a utilisé une brosse ou des pinceaux assez larges surtout dans le blanc des nuages.

Les couleurs de cette œuvre sont assez sombres et très fortes. Le vert de l’arbre est presque noir, et c’est également le cas pour le brun des maisons. L’eau reflète les bateaux et les nuages dans ses vaguelettes.
Ce sont les nuages et leurs reflets dans l’eau qui donnent de la luminosité à cette toile.

Notre conférencier nous explique la différence qui existe entre la peinture hollandaise et la peinture italienne de cette époque. La première est plutôt imprécise voire floue, les couleurs se chevauchent parfois. Tandis que la seconde est beaucoup mieux dessinée : on sent la précision des motifs.
Adrien nous explique également qu’il y a deux écoles : celle des puristes qui peignent les paysages tels que nous pouvons les voir et celle des peintres qui cherchent à donner une valeur culturelle et artistique en ajoutant quelques ruines antiques romaines. Pour appuyer ses propos, Adrien nous décrit rapidement le tableau « Paysage de Vulcano avec les îles Eoliennes » du peintre Schellinks. Ce dernier, contrairement au Ruysdael, est très dessiné. Nous y trouvons des ruines antiques et un volcan ainsi que des personnages dont l’un est sur un cheval, ce qui indique que l’artiste n’a pas voulu se cantonner à la peinture d’un paysage. Ce dernier tableau est totalement imaginé : il semble factice, il est composé d’éléments qui ne devraient pas se trouver assemblés dans la même vue.
Par contraste, le tableau de Salomon Ruysdael nous montre un paysage tel que nous pourrions en voir au Pays-Bas. Il nous projette un petit bout de l’infini et même les personnages qui sont sur le tableau sont anecdotiques, contrairement à la peinture italienne où l’homme est au centre de l’univers.

Un grand merci à Adrien pour cette remarquable description d’un paysage pas forcément facile à commenter, et pour son travail sur la représentation tactile qu’il a faite de cette oeuvre.

Rédigé par Nicolas Fortin, le 3 avril 2019.

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